PRATIQUES
- urbain - 1.6.1. Annexe 4
Module de formation sur la petite enfance (Antananarivo)
IV. ACCOMPAGNER UN ENFANT DANS SON DEVELOPPEMENT
|
Alexandra
Lesaffre,
2.12.2002
VOIR Document de formation de 2011 : Les étapes du développement de l'enfant: de la conception à ... Anne Carpentier Gestalt-thérapeute, 2011
1. L'IMPORTANCE DU LANGAGE
2. LE CADRE ET LES LIMITES (la violence; comment aider
un enfant victime de violence)
3. LA SECURITE
4. L'EXPLORATION LIBRE
5.POURQUOI L'ENFANT JOUE ? Annexe : le jeu du miroir
AVIS
IMPORTANT
Les
fiches et récits d'expériences "Pratiques"
sont diffusés dans le cadre du réseau d'échanges
d'idées et de méthodes entre les ONG signataires de
la "charte
Inter Aide".
Il est important de souligner que ces fiches ne sont pas normatives
et ne prétendent en aucun cas "dire ce qu'il faudrait
faire"; elles se contentent de présenter des expériences
qui ont donné des résultats intéressants dans
le contexte où elles ont été menées.
Ces fiches sont mises en ligne en accès libre pour le bénéfice commun. Pour autant, les méthodologies et outils présentés appartiennent aux ONG qui les ont conçus et les utilisent.
Ainsi, les auteurs espèrent que ces fiches puissent servir à d'autres opérateurs de terrain: c'est pourquoi elles peuvent être utilisées et réproduites à la condition expresse
que les informations qu'elles contiennent, le nom des auteurs et des ONG opératrices soient données
intégralement y compris cet avis, et avec l'accord préalable de Pratiques. |
Modules
de formation : sommaire
module de formation 3
module de formation 5
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1. L'IMPORTANCE DU LANGAGE  |
Pourquoi parler au nourrisson, à l'enfant ? Est-ce
qu'il existe des comptines ? Est-ce vous pensez qu'il est nécessaire
de verbaliser à l'enfant ce qu'il vit ? Pourquoi ? Est-ce qu'un
enfant a le droit de questionner l'adulte, de donner son avis ? Est-ce
que vous pensez qu'un enfant a des choses personnelles et intéressantes
à exprimer ?
- Le langage se développe grâce aux échanges verbaux
avec l'environnement notamment aux échanges verbaux précoces
mères-enfants. Parler à un tout petit le stimule,
l'encourage à communiquer, éveille en lui le plaisir
d'émettre des sons, puis le désir de parler. La relation
verbale avec l'enfant commence dès la naissance (exemple des
enfants élevés par des loups ou qui ont vécu toute
leur enfance enfermée dans un placard). On sait que plus on parle
à l'enfant, plus il a de chance de réussir à l'école.
Lui parler développe son intelligence.
- Parler au nourrisson l'aide à se socialiser et à entrer
dans le monde de la communication et de l'échange. Plus tard,
un enfant à qui l'on aura parlé aura plus de chance d'être
à l'aise dans un groupe.
- Parler au nourrisson l'aide à comprendre le monde qui l'entoure,
l'autre et lui-même. Les capacités d'écoute et du
bébé et de l'enfant sont étonnantes. Avez vous
déjà remarqué que lorsque nous nous adressons tout
particulièrement au nourrisson, il nous regarde fixement, nous
pouvons sentir qu'il y a quelque chose en lui qui cherche à communiquer,
à comprendre? Beaucoup pense que le nourrisson comprend beaucoup
plus de choses qu'on le pense. Même s'il ne saisit pas la grammaire,
il perçoit les émotions, le désir, la détente,
le respect profond qu'on a de lui. Le nourrisson ne comprend pas
les mots mais il en saisit l'intention. S'il ne parle pas encore
avec des mots, il parle avec son corps, ses vocalises, ses cris. Il
tente de communiquer et il a le droit de savoir ce qui se passe.
Essayons tout de suite, simplement pour les aider à entrer dans
le monde du langage. Quand vous voyez un nourrisson pour la première
fois, commencez par vous présenter à lui, appelez le par
son prénom et chaque fois que sa mère dit quelque chose
de lui, répétez-le en prénommant toujours l'enfant.
Par exemple, si la maman vous dit : "mon mari le voit si peu",
reformulez-le à l'enfant : "Tu ne vois pas beaucoup ton
papa, il est très occupé"
- Parler au nourrisson le rassure.
Lorsque le nourrisson vit une situation difficile, si sa maman lui explique
ce qu'il va vivre ou ce qu'il a vécu, il sera plus calme et détendu.
Leur parler les rassure car ça leur permet de mettre des mots
sur ce qu'ils ressentent. Cela les aide à se considérer
comme des personnes séparées de leurs parents et donc
à ne pas les prendre en charge.
Quand vous expliquez à un enfant ou à un nourrisson ce
qu'il vit, il devient sujet de ce qu'il vit. Il est moins pris comme
un objet. Plus nous parlons à un enfant, plus nous l'écoutons,
plus nous lui montrons qu'il a de l'importance, de la valeur à
nos yeux et qu'il est intéressant. Il pourra alors avoir plus
confiance en lui et en l'autre, il se sentira plus en sécurité
pour grandir et pour apprendre. Un nourrisson, à qui l'on parle
peu, fait l'expérience qu'il n'est pas important et que l'on
ne tient pas compte de lui. En lui parlant, et en l'écoutant,
on lui montre qu'on le comprend.
- Souvent on pense qu'il ne faut rien dire aux enfants pour ne pas
les inquiéter et qu'ils ne sont pas en âge de comprendre.
Or les enfants peuvent tout comprendre pour peu qu'on leur explique.
Comment s'étonner que les enfants mentent et fuient leurs responsabilités
si nous-même nous leur mentons et tentons de reporter la responsabilité
de nos choix sur l'autre?
Ce que l'enfant voit entend, ressent peut faire des sacrés nuds
dans sa tête. Des nuds qui peuvent bloquer son évolution.
C'est pour cela qu'il est important de verbaliser à l'enfant,
pour l'aider à défaire ces nuds.
Ex : Hery est en préscolaire. Il est rejeté
par les autres enfants. La monitrice du préscolaire se demande
ce qui se passe. Rien ne sert aux autres de leur demander d'être
plus gentils. Derrière ce comportement, il y a des causes. Hery
se fait souvent insulter : "tu n'as même pas de papa".
Ces mots sont douloureux pour Hery qui a perdu son papa il y a quelques
mois.
Hery avait alors annoncé aux autres élèves : "je
m'appelle Hery et mon papa est mort". Et les autres avaient répondu
: "c'est pas vrai". Pour les autres enfants il était
impossible d'imaginer qu'un papa meurt. Cela voulait dire que leur papa
aussi pouvait mourir
D'où pouvait bien venir ce garçon
qui clamait cette horreur ? Il fallait lui faire mal, le punir.
La monitrice du préscolaire a fait parler les enfants et a clarifié
avec eux quelques points : la véritable raison de la mort de
ce père, sa maladie
Les élèves avaient besoin
de savoir avec certitude que côtoyer Hery n'allait pas tuer leur
propre père. Avoir un papa mort n'est pas contagieux ! C'est
pour cette raison que les enfants excluaient Hery.
Tiana est triste, elle ne participe pas aux jeux des autres enfants.
Elle n'arrive pas à trouver sa place. Elle se sent de trop partout.
Ses parents se disputent et elle s'est dit: " papa et maman se
fâchent à cause de moi, si je n'avais pas été
là, ils ne se disputeraient pas. C'est de ma faute ". Et
tant que l'on a pas décodé ce qui se passait dans la tête
de Tiana on ne pourra pas l'aider.
- Le cerveau de l'enfant est encore en croissance ne permet pas
à l'enfant de maîtriser ses émotions. Les enfants
sont dans l'instant présent. Ils n'ont pas encore acquis la faculté
de se projeter dans le futur. Ils ne savent pas que leur douleur
passera, que la colère va se terminer qu'ils pourront se sentir
de nouveau bien. Il est vite submergé par ses pleurs, ses émotions
sans possibilité de relativiser les choses.
Le cerveau de l'adulte permet à l'adulte de gérer seul
son émotion. Nous adulte, nous savons que le présent passe.
Il est donc naturel que les émotions de l'enfant soient prioritaires.
Notre rôle est d'utiliser notre cerveau plus développé,
notre intelligence pour comprendre les enfants, les aider à s'exprimer,
comprendre leur manque, à s'affirmer face à l'injustice.
L'enfant a donc besoin d'un adulte pour apprendre à exprimer
et à canaliser ses émotions.
Il faut donc encourager l'enfant à exprimer ses émotions,
un vécu douloureux. Lorsque l'enfant parle, il met une distance
entre la réalité extérieure et ses émotions.
L'enfant peut penser ces émotions et peut trouver un sens à
ce qu'il vit. Il n'est plus tributaire d'émotions qui le manipulent.
Lorsque l'enfant ne peut pas mettre de sens à ce qu'il vit, il
est manipulé par ces émotions et par un comportement qui
le dépasse. D'où l'importance d'aider un enfant ou un
adulte à exprimer et verbaliser ses émotions ou des événements
de sa vie. La parole est guérissante parce qu'elle permet aux
affects de s'exprimer. Elle permet de prendre conscience, de structurer
son expérience intime.
L'expression des émotions sont des façons de dire
sa souffrance, de libérer ses tensions, de se récupérer.
La vie d'un enfant est pleine de frustrations, de tensions, de questions,
de pleurs, de colère, de joie qui ont besoin de s'exprimer. L'expression
de l'émotion permet de se récupérer, de se reconstruire
après une blessure. Si vous savez rester présents, écouter,
accompagner les larmes, après l'explosion viendra la détente,
la confiance, le bien être corporel.
Par exemple, après avoir pleuré
en sanglotant profondément, on se sent détendu, libéré.
Pleurer est un outil naturel de réparation car il fait baisser
la tension artérielle, élimine les toxines, relâche
les tensions musculaires et rétablit sa respiration.
Ex : Un garçon de deux ans arrive en garderie conduit par sa
maman. Sa maman le quitte. Ce garçon se précipite sur
une petite fille et lui tire ses cheveux. Un adulte qui travaille à
la garderie lui dit : " Je crois que tu es fâché que
ta maman soit partie ". Le garçon la regarde tout étonné,
il devient tout mou et se met à pleurer. L'adulte continue à
lui parler et lui explique que sa maman va revenir après son
repas, qu'elle pense bien à lui, qu'elle l'a laissé parce
qu'elle travaille en ce moment... Il continue un court instant à
pleurer puis joue seul et ensuite rejoint les autres enfants.
Ex : Un ballon qui explose dans les mains de Lova. Elle se met à
pleurer. Une animatrice lui demande : "c'est quoi le ballon pour
toi ?"
Lova répond : "tout meurt, mon grand-père est mort
la semaine dernière". Et nous adultes considérons
la perte d'un ballon comme pas si grave. Comme l'animatrice a choisi
d'écouter, Lova a pu être entendue dans sa tristesse. Bien
souvent nous ne mesurons pas ce qui se passe dans la tête d'un
enfant. Nous minimisons ce qu'il ressent. Alors qu'en fait ça
peut revêtir la plus haute importance à ses yeux.
Les étapes de l'accompagnement émotionnel de l'enfant.
On a besoin de pouvoir d'exprimer son émotion avant de pouvoir
en parler
Ne poser pas tout de suite les "pourquoi ?"
Le pourquoi en plus pousse l'enfant à réfléchir alors
qu'il n'en est pas forcément là.
Remplacer les "pourquoi" par:
par ex : Qu'est-ce qui se passe
pour toi? Qu'est-ce que ça te fait? Qu'as-tu ressenti quand...?
Qu'as-tu pensé quand...? Qu'est ce qui te rend triste? En
colère? Qu'est ce qui te préoccupe? Comment comprends-tu
cela? De quoi as-tu peur? Qu'est ce qui te fais le plus peur?
|
- Etre présent à l'enfant dans le regard et dans l'attitude
intérieure.
- Et éventuellement selon l'âge de l'enfant, le prendre
dans ses bras.
- Mettre des mots sur le ressenti de l'enfant : "je vois que tu
es en colère ou tu es triste, tu as peur"
- Permettre à l'émotion d'aller jusqu'au bout
- Quand la respiration est redevenue calme, place à la parole
s'il le souhaite.
- Si on ignore ce qu'il vit, ça peut entraîner des problèmes
de comportement chez l'enfant (agressivité, colère, grande
tristesse
) qui peuvent à l'âge adulte devenir des
réels problèmes (peurs incontrôlables, violences
).
Quand les émotions ne peuvent être exprimées, elles
s'impriment dans le corps. Ne cherchez pas à faire taire les
pleurs. Favorisez les au contraire pour que l'enfant se sente libéré.
Les paroles n'enlèvent pas la douleur de l'enfant mais au moins
il ne souffre plus seul, il souffre avec l'autre. La souffrance est
humanisée par désir de se comprendre. L'adulte le reconnaît,
reconnaît sa souffrance et met un sens à ce qu'il vit.
Vous interdisez certaines émotions aux enfants ? Elle vous a
certainement été interdite par vos parents ou vous l'avez
refoulée parce qu'elle vous semblait trop dangereuse.
- Il est indispensable de parler vrai à un enfant. De
toutes les manières, soit l'enfant saura la vérité
un jour, donc il vivra une expérience de trahison (de la part
de ses parents), soit il ne saura jamais la vérité mais
il restera un "malaise" intérieur (qui pourra se traduire
par le corps). Si des émotions négatives comme de l'agressivité,
de la tristesse, de la colère, ne peuvent être exprimées
et racontées à d'autres, la personne les garde pour elle-même.
Ces émotions non verbalisées s'expriment alors par le
corps ou par des comportements difficiles. On sait que la vérité
fait toujours moins mal. Toujours, même si elle est difficile
à entendre. Il est capital de raconter l'histoire de l'enfant
à celui-ci même si cette histoire est difficile à
exprimer. Chaque être humain a un besoin fondamental de savoir
d'où il vient, de connaître ses racines. Ceux qui travaillent
avec des enfants orphelins ou abandonnés le savent bien : à
partir du moment où l'enfant sait, il éprouve un besoin
énorme de trouver ses parents biologiques.
Ex : Une mère violente peut parler à
l'enfant de sa violence, une mère douce, de sa tendresse, mais
toujours elle lui dit tout ce qu'elle pense qui le concerne, tout ce
qu'elle sent, tout ce qu'elle fait qui le concerne. Egalement, il faut
dire à l'enfant et au nourrisson tout ce qui le concerne même
ce que sa maman a ressenti pendant la naissance. Une mèredoit
pouvoir dire à son bébé garçon: "Tu
sais, j'ai été très déçue de ne pas
avoir une fille". De toute façon, le bébé
ressent la déception de la maman. Mais si c'est dit, les conséquences
de cette déception peuvent être effacées. Si elle
lui dit, c'est humanisé. On peut aussi parler à un nourrisson
pour relâcher ses propres tensions. Par exemple, une maman qui
est fatiguée, qui se sent triste, qui en a marre de s'occuper
de son bébé, peut dire à son bébé:
"je suis fatiguée, là, j'ai besoin de me reposer
seule un moment". Elle ne le garde pas pour elle, mais le partage
à son bébé.
Un nourrisson est une véritable éponge il prend
pour lui tout ce qu'il ressent de l'extérieur. Lui expliquer
l'aidera à comprendre que ce qu'il ressent ne vient pas de lui
mais de sa maman par exemple. Comme on l'a vu, le bébé
se voit comme le centre du monde. Il se voit comme la cause de tout
ce qui se passe. Un enfant plus âgé se sent très
vite responsable des disputes conjugales.
Toujours le laisser exprimer son émotion, accompagner la décharge
de ses pleurs, de ses cris, de ses tremblements sans vouloir forcément
le calmer.
Quand l'enfant est capable de parler, écoutez ses émotions
et demandez-lui ce qui se passe, ce qui le rend triste, ce qui lui fait
peur
.
L'enfant a besoin de sentir écouté sans jugement dans
ses sentiments.
Ecoutons les enfants pour qu'ils sachent écouter. Respectons-les
et ils respecteront les autres. Acceptons de libérer nos propres
émotions pour ne plus les projeter sur les enfants.
Petites choses concernant le langage : On ne parle pas
d'un enfant sans l'inclure, on ne parle pas avec les mêmes déformations
que lui ou en l'imitant. Si on parle à un bébé comme
à une personne qui comprend ce que nous lui disons, c'est comme
ça qu'on l'ouvre au langage parlé. Evitez également
de dire ou faire ce que vous n'aimeriez pas qu'on vous fasse.
Jeux de rôle : Expliquer à un enfant de cinq ou
six ans
.
Pourquoi le soleil se lève et se couche tous les jours ?
D'où viennent les bébés ?
Que son papa est malade et qu'il va mourir.
Pourquoi sa maman est méchante.
A un enfant handicapé pourquoi il est rejeté par les élèves
de sa classe.
Pourquoi ce n'est pas possible pour l'enfant d'avoir ce qu'il veut.
Pour être capable de parler, il faut pouvoir entendre;
entendre parler, vouloir parler, pouvoir comprendre le langage et
pouvoir s'exprimer oralement.
|
2. LE CADRE ET LES LIMITES  |
Le cadre et les limites sont tous les repères (interdits et permissions)
que l'on donne à un enfant. C'est important qu'ils soient toujours
les mêmes (c'est à dire qu'ils ne changent pas d'un jour
à l'autre. Cependant, les interdits doivent bien sûr évoluer
en fonction de l'âge de l'enfant). Sinon l'enfant n'a pas de repères,
il ne sait pas ce qu'il peut faire ou ne pas faire. Il ne peut pas avoir
confiance en son environnement. Dans les bas quartiers, c'est très
important car souvent on met peu de repères à l'enfant.
La frustration mesurée est structurante. Elle permet à
l'enfant de construire son identité.
Progressivement, l'enfant va intégrer ces repères et interdits
en lui-même. Il va apprendre les règles de la vie en société,
les valeurs de la société dans laquelle il grandit.
Un interdit doit être adapté en fonction de l'âge
de l'enfant et doit évoluer en fonction de son âge.
Les interdits doivent avoir un sens. Ne pas interdire juste pour
le plaisir d'interdire. L'enfant a besoin de temps pour comprendre les
interdits. Comprendre qu'un "non" dit une fois est un "non"
permanent peut paraître évident pour l'adulte mais certainement
pas pour l'enfant. C'est pour ça qu'un enfant réessaye souvent
ce qui est interdit. Par exemple, l'enfant fait "non" de la
tête en montrant quelque chose d'interdit. C'est pour savoir si
c'est un "non" provisoire ou permanent.
Bien souvent la fascination sensorielle est si puissante qu'elle prend
le dessus sur l'ordre qui a été donné verbalement.
Est-ce que vous pensez qu'il faut taper un enfant pour qu'il vous
obéisse ? Pourquoi ? Qu'est ce qui s'est passé pour vous
lorsque vous étiez enfant lorsque l'on vous tapait (quels types
de comportement avez-vous eu) ? Est-ce qu'on a le droit de taper un enfant
?
Madagascar a signé la convention internationale sur les droits
de l'enfant. (ONU 1989), selon laquelle "Article
19 1. Les États parties prennent toutes les mesures législatives,
administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant
contre toutes formes de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques
ou mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation,
y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de
ses parents ou de l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de
toute autre personne à qui il est confié. 2. Ces mesures de protection
comprendront, selon qu'il conviendra, des procédures efficaces pour l'établissement
de programmes sociaux visant à fournir l'appui nécessaire à l'enfant et
à ceux à qui il est confié, ainsi que pour d'autres formes de prévention,
et aux fins d'identification, de rapport, de renvoi, d'enquête, de traitement
et de suivi pour les cas de mauvais traitements de l'enfant décrits ci-dessus,
et comprendre également, selon qu'il conviendra, des procédures d'intervention
judiciaire. "
Texte intégral disponible sur http://www.unhchr.ch/french/html/menu3/b/k2crc_fr.htm)
Taper un enfant est un abus de pouvoir.
Juridiquement, c'est interdit. Essayons maintenant de comprendre
pourquoi
Lorsque l'enfant est tapé, il vit une expérience de peur,
de douleur et d'impuissance. L'enfant ne se sent pas protégé.
Il a un sentiment de méfiance et d'insécurité. Il
développera peu de confiance en lui et en l'autre. L'enfant respectera
ses parents mais par peur d'eux. Il risque d'associer l'affectif au douloureux.
L'enfant et l'adolescent ayant vécu une situation de faiblesse
et d'impuissance pourra rechercher à dominer certaines personnes
plus faibles ou plus fragiles. C'est une manière pour la personne
qui a été victime de combattre son sentiment d'impuissance.
En plus, l'enfant grandit bien souvent en imitant ses propres parents.
Il a tendance à suivre plus l'exemple que les conseils.
Une fois adultes, certains abuseront leurs propres enfants ou même
leur conjoint car ils auront associé l'amour à la violence.
Les épreuves font partie de la vie, de toutes les manières
les enfants les rencontreront. Il est inutile d'en provoquer plus pour
le rendre plus fort.
Ce que l'on observe chez un enfant abusé :
- De l'anxiété, du mensonge.
- De la timidité, un enfant extrêmement sage.
- De l'agressivité vis à vis des autres personnes.
- Peu de confiance en soi et en l'autre.
- Troubles de l'apprentissage.
- Dépression et timidité.
- Conduites auto destructives ou auto punitives (culpabilité
inconsciente de son propre abus). L'enfant ne peut se permettre d'accuser
ses parents et donc préfère s'accuser. Si ces parents
le frappent ce n'est pas parce qu'ils sont violents mais parce qu'il
est méchant. La correction est donnée à la personne
et c'est la personne qui est faute.
Pourquoi un enfant ne veut jamais accuser ses parents ?
C'est parce qu'il a besoin d'eux. Il ne peut donc pas les considérer
comme capables d'être méchant, de faire mal à l'enfant:
"je préfère penser que c'est moi le coupable".
-
L'enfant sépare les émotions qu'il ressent avec sa personnalité,
ce qu'il est. C'est une manière pour lui de se protéger
psychologiquement, pour isoler la douleur physique.
Les différentes manières de faire face à la situation
sont :
- L'enfant se comporte extrêmement sagement et bien afin d'éviter
les réactions violentes des parents.
- L'enfant montre un comportement méchant et désobéissant.
C'est une manière pour l'enfant de justifier les coups des parents
et leur attitude violente. L'enfant se sent coupable de la violence
qu'il reçoit. Il se punit, s'injurie. Surtout si la violence
vient des parents, l'enfant se sentira coupable. Un enfant veut toujours
protéger ses parents car ils sont ses modèles, ils lui
ont donné la vie et sa vie dépend d'eux.
Ces différents troubles varient d'un enfant à l'autre en
fonction de la sensibilité de l'enfant et de la sévérité
de l'abus.
Si un enfant est abusé dans une famille et non les autres enfants
c'est souvent parce que cet enfant là occupe une place bien particulière
au sein de la famille ou qu'il est peut être associé à
un mauvais événement dans la vie de la famille. Cela peut
être aussi un enfant qui ne correspond pas au désir de ses
parents, un enfant qui ressemble beaucoup à un des deux parents
ou un enfant que l'on jalouse.
Du point de vue des parents, ils reproduisent bien souvent ce qu'on leur
a fait et ne peuvent pas donner autrement. On donne bien souvent ce que
l'on a reçu. Le mécanisme de reproduction des comportements
violents est complexe. S'identifier au parent abusif est à la fois
une tentative inconsciente de comprendre ce qui se passait pour lui quand
son parent était violent et en même temps un moyen de se
venger sur autrui de la souffrance subie.
Comment peut-on aider un enfant qui subit de la violence ?
- Aider l'enfant à répondre à la question : pourquoi
ça m'est arrivé à moi?
- Lui parler
- L'aider à s'identifier à la victime
- Promouvoir de l'affection et des interdits sans menace d'être
tapé
- Activités d'expression (dessins, jeux de rôle, modelage,
poupées, dessiner sa famille, parler de son dessin, tracer les
limites de son corps et l'investir
)
- Activités constructives
- Activités sensorielles comme le massage (à manier avec
précaution... éviter, en tout cas dans un premier temps,
pour les enfants victimes d'abus sexuels)
- Sensibilisation et formation des parents
Rencontrer,
traverser, dépasser la violence
(Le processus de la violence) à la disposition des membres
de Pratiques sur demande
Comment peut-on alors mettre des interdits à un enfant ?
Dresser un enfant de manière autoritaire ou très contraignante
n'est pas bon pour son développement. Dans le sens où l'enfant
aura peu confiance en lui, il aura peu d'initiative et de créativité,
peu de notion de tolérance et d'égalité. C'est plus
un rapport de pouvoir de l'adulte sur l'enfant. Plus tard, l'enfant pourra
faire payer cet excès d'autorité aux autres enfants. Il
s'attaquera au plus faible pour avoir l'impression d'exister un peu ou
alors l'enfant recherchera toujours un modèle, un maître.
Un enfant recevant une éducation rigide et intolérante peut
développer des troubles du comportement comme des accès
de colère. C'est cet excès de frustration réprimée
qui "éclate".
De la même manière, laisser tout faire à un enfant
n'est pas bon. L'enfant n'a pas de repères ni de stabilité
intérieure. Il croit qu'il est tout puissant et qu'il peut tout
faire. Une mère qui répond aux moindres désirs de
son enfant risque de rendre difficile la construction de son identité.
L'adulte doit aussi se respecter. L'adulte, en montrant ses limites personnelles
à l'enfant, aidera son enfant à se respecter plus tard.
Il y a un juste équilibre à avoir où l'on explique
à l'enfant les interdits, où il ne subit pas les pleins
pouvoirs de l'adulte et où il n'a pas non plus tous les pouvoirs.
S'il y a conflit, la compétition n'est pas la seule solution. La
coopération est plus efficace à long terme.
Si on explique à un enfant le pourquoi des interdits, il en comprendra
le sens et donc l'importance (dimension de sujet).
Les parents sont là pour aider l'enfant à se soumettre à
la "loi familiale" par désir de grandir et, plus tard,
par désir d'entrer dans la société et d'y respecter
la Loi.
Les limites à mettre à l'enfant sont celles imposées
par les besoins de l'adulte.
Les frustrations des enfants (crées par les interdits) ont besoin
d'être entendues. Les enfants n'ont pas besoin de la voiture rouge.
Ils en ont envie. En revanche, ils ont absolument besoin que leur frustration
soit entendue et respectée. Il est clair qu'il est important de
ne pas dire oui à tout. Il est structurant de se voir opposer un
refus.
Il se roule parterre. Il a besoin que sa frustration soit entendue. Il
cherche à vous taper
Un non signifie une rupture et une possibilité
de perdre la relation. Bien souvent l'enfant a à ce moment là
besoin de réparer la relation.
Si vous parlez avec l'enfant de son désir d'avoir une voiture rouge
bien souvent le désir exprimé disparaît devant le
besoin satisfait ( le besoin de se sentir relié, partager quelque
chose).
Bien que le cadre aide l'enfant à développer sa confiance,
il constitue également une donnée essentielle pour que l'enfant
se structure dans l'espace et dans le temps.
Les enfants sont extrêmement sensibles à ce que vivent leurs
parents. Bien souvent, on a l'impression qu'ils poussent à bout
les adultes. L'enfant sent les tensions non dites. Insécurisés
les enfants vont pousser à bout les parents pour qu'ils déchargent
leurs tensions accumulées.
Plus le parent est inconscient de ses propres émotions, plus ses
enfants les prennent en charge et les poussent à bout.
Lorsque l'adulte ne reconnaît pas ses émotions, bien souvent
il les projètent sur ses enfants. L'adulte fait alors porter à
l'enfant ce qui ne le concerne pas. Bien souvent, l'adulte décharge
sa propre colère sur l'enfant. Par exemple : "je me suis
disputée avec mon mari. Je n'ai pas su trouver de consensus ou
m'affirmer. Je suis en colère et je décharge ma colère
sur l'enfant".
Il s'agit donc pour l'adulte d'exprimer à l'enfant sa colère
sans projeter sur l'enfant des choses qui ne le concerne pas. L'adulte
doit décoder les vrais raisons de sa colère. Ex : Le comportement
de l'enfant a été déclencheur de votre colère
mais quelle en est la cause? Vous-vous sentez impuissant? Vous avez peur
du regard des autres personnes sur le comportement de votre enfant?
Informez les enfants de la raison de votre colère.
S'il s'agit réellement du comportement de l'enfant qui est la
cause de votre colère :
Quand tu
(comportement précis de l'autre)
Je ressens
. (mon émotion)
Parce que je
. (mon besoin)
Et je te demande de
(demande précise de comportement
ici et maintenant qui me permette de rétablir la relation
).
De façon à ce que
(motivation pour l'autre).
|
Ex : "quand tu refuses de m'obéir,
je suis en colère parce que j'ai besoin de me sentir plus forte
que toi
"
"Quand tu tapes Mamy, je suis en colère parce que je n'aime
pas que quelqu'un ait mal".
Cf. Filliozat (voir biblio)
3. LA SECURITE  |
C'est important que l'enfant se sente en sécurité. Il pourra
développer la confiance envers son environnement et la confiance
en lui. La sécurité est psychologique, mais aussi matérielle.
Lors des séances avec les enfants, veillez à ce que l'enfant
ne joue pas avec des jouets qui peuvent le blesser où s'il tombe
qu'il ne se fasse pas mal.
Les différentes chutes de l'enfant :
- Par accident
- Pour l'expérience, volontairement pour apprendre à
contrôler son corps, expérimenter l'équilibre, le
déséquilibre, la séparation.
- Pour s'exposer au danger, aux limites. Les enfants qui se mettent
constamment en danger c'est une manière pour eux de demander
de l'aide ou de l'attention. Il peut arriver aussi que certains parents
soient attentifs envers leur l'enfant que lorsqu'il se met en danger
ou fait des bêtises.
Les peurs que l'enfant tombe viennent en général de la
part des adultes. Quand un adulte dit à l'enfant : "attention
tu vas tomber", "ne marche pas la-dessus"
Quand un
parent tente d'éviter à son enfant de se confronter au danger,
il transmet à son enfant : "le monde est dangereux" et
"tu n'es pas capable". Les bleus de l'âme peuvent être
plus grave que les bleus du corps. La peur des parents mène à
l'inhibition ou au risque.
L'enfant se sentira en sécurité si on le laisse libre au
jour le jour de prendre des risques à sa mesure, sans l'empêcher
d'en prendre, en veillant à ce que les risques qu'il prend ne soient
pas traumatisants mais le mettent toujours devant un effort dont il se
sent triompher lorsqu'il y est arrivé et qu'on le complimente.
Attention, ne pas surprotéger un enfant ne veut pas dire laisser
un enfant seul face à ses difficultés mais faire le tri
entre le danger réel et les angoisses parentales.
Par exemple, il ne vaut mieux éviter de dire à un enfant
"attention ne fait pas ceci" car ça risquerait de l'inhiber.
Il vaut mieux lui dire "si tu fais ceci, voilà ce qui va t'arriver"
ou "tu vois, tu peux facilement aller jusque là après
c'est plus difficile", "Sens bien avec tes pieds et tes mains"
4. L'EXPLORATION LIBRE  |
Est-ce que vous pensez qu'il faut apprendre à un enfant à
marcher, s'asseoir ou qu'il l'apprend par lui-même ?
Support : Film " Se mouvoir en toute liberté "
30 minutes
Texte sur l'exploration libre de l'enfant
5.POURQUOI L'ENFANT JOUE ?  |
"Priver un enfant de jouer, c'est le priver
du plaisir de vivre" ("Les étapes majeures de l'enfance",
Françoise Dolto)
Un enfant bien portant est un enfant qui joue,
qui explore tout ce qui est à sa portée.
Support : Film " Plus que du jeu " (15 minutes)
Film " indépendamment tout seul " (15 minutes)
- Pourquoi un enfant joue ? Qu'est ce que les jeux des enfants ?
Un enfant fait un jeu d'emboîtement qu'est ce qu'il apprend ?
Un bébé couché sur le dos manipulant un hochet, qu'est
ce qu'il apprend ?
Un enfant qui joue à la maîtresse, qu'est ce qu'il fait et
apprend ?
Jeu d'emboîtement :
Orientation spatiale (distance
)
Reconnaissance de la forme
Coordination occulo-manuelle
Logique
Apprend à s'adapter à un nouveau problème
Il compare et distingue
Il développe sa concentration
Il fait des liens
Reconnaissance des couleurs
Mémoire
Jeu de maîtresse (l'enfant commence à imiter
sa maman dans les activités ménagères (15-18 mois).
Relâche ses tensions, ses frustrations en inversant les rôles
en changeant la réalité
Il développe son imaginaire
Il comprend le comportement des autres
Il apprend à se contrôler, se maîtriser
Il apprend à s'exprimer
Il apprend les règles de la société
Jeu d'un Bébé qui manipule un bout de tissu et qui
le met en bouche
Il apprend à reconnaître et à distinguer la forme,
la texture, la température, le goût, le volume, le poids,
le bruit.
Il apprend comment l'objet réagit lorsqu'il le manipule (le gratter,
le secouer, le frapper, le chiffonner
)
Il apprend à coordonner ses mouvements, à maîtriser
ses gestes, à développer la précision.
Il apprend à coordonner son regard avec ses activités manuelles
Il apprend ce qui est agréable et ce qui ne l'est pas
Le jeu de l'enfant est nécessaire à sa croissance tout
comme manger. C'est une activité très sérieuse où
il s'engage affectivement avec tout ce qu'il est. C'est un véritable
travail, un entraînement.
L'enfant joue pour :
- Apprendre
- Comprendre
- Le plaisir
- Grandir
- Se développer
- Devenir autonome
- Se maîtriser, se contrôler
- S'exprimer
-
L'enfant apprend de différentes manières :
- En expérimentant
- En explorant
- En répétant
- En imitant
- En ressentant
-
En jouant, l'enfant développe plusieurs compétences
:
- Au niveau de la socialisation et du langage, l'enfant
- apprend à parler et à comprendre le langage
- Apprend les règles de la société (quels sont
les comportements acceptés ou refusés par le groupe),
et les valeurs.
- Se socialise (à deux ans, l'enfant joue à côté
des autres enfants mais pas avec eux. A trois ans, l'enfant commence
à jouer avec les autres enfants).
- Apprend à se comprendre et à comprendre l'autre.
- il développe sa personnalité, son imaginaire et sa créativité
- Apprend à se maîtriser, se contrôler. Il apprend
à maîtriser son angoisse en rejouant des situations anxiogènes.
- Se décharge de ses tensions, de ses frustrations. Il inverse
les rôles et change la réalité.
- Apprend à se faire confiance et à avoir confiance en
l'autre.
-
.
- Au niveau sensoriel, l'enfant
- apprend à distinguer, à reconnaître, et à
identifier le poids, le volume, la forme, la distance, la température
de l'objet, la texture, les odeurs, les bruits,
- Apprend à s'orienter en évaluant les distances, et donc
à écrire.
- Apprend ce qui lui est agréable ou ce qui ne l'est pas.
- Se construit une représentation de lui-même et construit
ses limites corporelles.
- Grâce à l'identification de la sensation, au niveau
moteur, l'enfant
- Apprend à adapter sa réponse motrice (ex : je touche
le feu => j'ai mal => c'est chaud et ça me brûle
=> je retire ma main).
- Apprend à doser sa force
- A affiner ses manipulations
- A coordonner ses mouvements
- Apprend ce qui est utile de ce qui ne l'est pas.
- Au niveau " intellectuel ", l'enfant
- Apprend à s'adapter à un nouveau problème et
à trouver des solutions
- Apprend à faire des liens
- Apprend à s'organiser
- Développe ses aptitudes à la pensée
- Compare et distingue
- Apprend ce qui est logique et ce qui ne l'est pas
- Apprend les lois de la nature (ex : si je pousse l'objet, il tombe)
- Développe sa concentration
- Développe sa mémoire
- Développe sa conception du temps et de l'espace
-
Egalement, au travers du jeu, l'enfant construit, consolide son identité,
sa manière d'être au monde.

ANNEXE : Le jeu du miroir
Qu'est ce qui se passe pour un enfant lorsqu'il se regarde dans
un miroir ?
Le premier miroir de l'enfant, c'est le visage de la mère
(cf. Winnicott*). Et c'est le miroir le
plus important. L'enfant associe les expressions de sa maman à
sa propre image. Si la maman montre des signes positifs l'enfant
développera une bonne image de lui-même. Par contre,
si sa maman montre des signes négatifs, l'enfant aura plutôt
tendance à développer une mauvaise image de lui-même.
Le visage de quelqu'un qui réponde à l'enfant est
indispensable pour le développement de sa personnalité
car ça l'aide à construire sa personnalité.
Dans certains orphelinat où il y a très peu de personnel,
on a vu certains enfants devenir fou à cause du manque d'adulte
"miroir de l'enfant". Pendant la période de fusion,
le "visage miroir" de la maman lui fait croire qu'il est
elle.
Avant que l'enfant ne se voie dans le miroir, il ne sait pas encore
qu'il a une image comme celle d'un être humain. A partir du
moment où l'enfant se reconnaît dans un miroir, il
ne peut plus se confondre avec l'autre (comme il le fait auparavant
lorsqu'il est en fusion avec la maman).
L'enfant avant l'expérience du miroir, ne connaît pas
son visage ni ses expressions. Il ne sait pas qu'il donne une apparence
à voir comme le peuvent lui renvoyer les autres êtres
humains. Il apprend que son identité est indissociable de
son corps qu'il ressent (une image qui n'a rien à voir avec
ce qu'il ressent au-dedans). Il apprend par exemple qu'il est comme
les êtres humains et non pas, par exemple, comme un chien.
L'enfant va donc progressivement comprendre les liens entre l'extérieur
(image qu'il donne à voir) et l'intérieur (émotions).
Grâce au miroir, il se voit de plus en plus comme une unité
(visage et corps).
Mais avant de se reconnaître, il y a différentes étapes.
Il faut savoir que la reconnaissance de l'enfant au travers du miroir
ne peut se faire que s'il y a un adulte ou une personne connue qui
s'y regarde avec lui. Il pourra comprendre petit à petit
que ce qu'il voit dans le miroir n'est pas une autre personne mais
l'image de l'autre et que l'image du bébé est la sienne.
Les premières fois que le bébé se voit dans
le miroir, il pense que c'est un autre bébé qu'il
ne connaît pas. Mais cet autre bébé au lieu
d'être en volume et d'inter réagir comme peut le faire
d'autres bébés, est froid, plat et ne réagit
pas à ses tentatives de relation. L'enfant expérimente
progressivement, que "cet autre" disparaît quand
il n'est plus devant le miroir et qu'il réapparaît
quand il s'y replace.
Comme on peut l'entendre dans les fady de votre culture,
un enfant qui se regarde dans un miroir peut devenir fou. Il est
vrai que cela peut être dangereux s'il n'y a jamais d'adulte
à côté de lui lorsqu'il s'y regarde. L'adulte
lui permet de comprendre que c'est son image.
Il y a une étape dans le miroir où l'enfant va se
chercher derrière. Il soulève le miroir (vers 18 mois).
Ensuite, l'enfant va pouvoir jouer avec sa propre image (les adultes
le font aussi d'ailleurs) afin de tester et de solidifier les bases
de son identité, l'image qu'il a de lui-même. L'adulte
devra petit à petit ne pas se perdre dans la fascination
que génère la reconnaissance de cette image dans le
miroir. Il devra prendre au fur et à mesure de la distance
vis à vis de l'influence du regard de l'autre et comprendre
que l'on existe pour soi et que l'identité ne se résume
pas à l'image extérieure. Le miroir est l'amorce de
ce processus.
* D.W. WINNICOTT (1896 -
1971) Pédiatre et psychanalyste anglais, il assura à Londres, pendant
40 ans, une consultation hospitalière pour enfants. Sa pratique
originale sera à l'origine d'une nouvelle conception de la psychiatrie
de l'enfant. Dans ses écrits et conférences, il s'attache particulièrement
au fonctionnement de la dyade mère/jeune enfant, soulignant les
capacités de la mère à s'identifier à son bébé et à connaître ses
besoins; le rôle de miroir joué par la mère pour son enfant; la
prégnance des soins maternels en particulier du "holding".
Il a participé à des émissions radio destinées
aux parents; le contenu de ses interventions radiophoniques sont
restranscrites dans un langage simple et agréable dans l'Enfant
et sa famille (Petite Bibliothèque Payot). |

Bibliographie 
Pour la préparation de ces 6 modules de formation, Alexandra Lesaffre
s'est appuyée sur les ouvrages suivants:
- Au cur des émotions de l'enfant. Isabelle Filliozat.
+++
- Vies de familles. Un autre regard sur l'exclusion. Thérèse
Potekov, Dr Maurice Titran.+++
- Les étapes majeures de l'enfance de Françoise Dolto
++
- Développement psychomoteur de l'enfant de R.S Illingworth
- La gymnastique des neurones. Le cerveau et l'apprentissage. Dr
Carla Hannaford.+
- Le bébé est une personne. B.Martino ++
- L'éveil de votre enfant. Chantal Truchis Leneveu +
- Connaissance de l'Enfant : éducation et pédagogie, Rose Vincent +
- Un merveilleux malheur. Boris Cyrulnik, Editions Odile Jacob
Poche ++ (sur la résilience).
- Le vilain petit canard. Boris Cyrulnik Editions Odile Jacob (sur
la résilience)
- Les nourritures affectives. Boris Cyrulnik, Editions Odile Jacob
- Pour une naissance sans violence, Frédéric Leboyer
+
Autres
lectures & liens internet
conseillés par Anne Carpentier 
- La psychologie
de l'enfant Olivier Houdé, Que Sais-je? n°369 PUF 2008
Voir aussi l'article
de Sciences Humaines paru à l'occasion de cette réédition
http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_article=14714
- L'enfant
tonique et sa mère Suzanne
Robert-Ouvray, Desclée de Brouwer 2007, coll.DDB Psy
Voir aussi plusieurs
articles
très intéressants, sur le rôle de la motricité
dans la construction du psychisme, sur les conséquence de
la violence sur l'enfant, sur l'échec scolaire... http://s.robertouvray.free.fr/
Conseillé par Alexandra David
- Les mots
sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) Marshall
Rosenberg, Editions de la Découverte, 2004 - Introduction
à la communication non-violente (CNV)
Non
violent communication, a language of life Marshall B. Rosenberg,
Puddledancer Press 2003 - NVC http://www.nonviolentcommunication.com/rosenberg/visionary-philosopher.htm
- Te laisse
pas faire ! les abus sexuels expliqués aux enfants, Jocelyne
Robert, les éditions de l'Homme, 2000
Conseil de l'Europe:
Contre les châtiment corporels: http://www.coe.int/t/transversalprojects/children/violence/CorporalPunishmentMini_fr.asp
Le manuel de 50 pages question-réponse sur les châtiments corporels
: "Abolition
des châtiments corporels des enfants" http://www.coe.int/t/transversalprojects/children/pdf/QuestionAnswer_fr.pdf
Rencontrer,
traverser, dépasser la violence
(Le processus de la violence) à la disposition des
membres de Pratiques sur demande
Le site d'Isabelle
Filliozat http://www.filliozat.net/
Le site d'Alice
Miller (psychologue, psychothérapeute, auteur de "C'est
pour ton bien", "la souffrance muette de l'enfant",
"l'avenir du drame de l'enfant doué...) sur l'abus et
la maltraitance de l'enfant, en français, anglais et allemand.
http://www.alice-miller.com/index_fr.php
Développement
affectif du nourrisson Modules de formation - Centre Hospitalier
Universitaire de Rouen http://www.univ-rouen.fr/servlet/com.univ.utils.LectureFichierJoint?CODE=1096554716128&LANGUE=0
Relations
mère-enfant Modules de formation - Centre Hospitalier Universitaire
de Rouen http://www.chu-rouen.fr/ssf/psy/relationsmereenfant.html
 |
Vidéos
- Le bébé est une personne. B. Martino, TF1 +++
- Plus que du jeu- Indépendamment
tout seul- Se mouvoir en toute liberté EMMI PIKLER - LOCZY.
(Produit par Pikler-Loczy
Association for Infancy, Emmi Pikler Institute, Budapest, Hongrie). Pour
se procurer la vidéo se renseigner auprès de
l'ASSOCIATION PIKLER LOCZY DE FRANCE, www.pikler.fr
- Autour de la naissance. Frédérick Leboyer.

Alexandra Lesaffre, ergothérapeute, fut
responsable du programme Petite Enfance à Antananarivo, Madagascar
jusqu'à mi-2006 (programme démarré par Coopé
Sud et repris par Inter Aide depuis janvier 2002).
Modules
de formation Petite Enfance, Tana: sommaire
module de formation 3
module de formation 5
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