PRATIQUES - urbain - 1.6.1. Annexe 6

Module de formation sur la petite enfance (Antananarivo)
VI. LES TROUBLES CHEZ L'ENFANT

préparé par Alexandra Lesaffre
Mise en ligne 22.11.2002

VOIR Document de formation de 2011 : Les étapes du développement de l'enfant: de la conception à ... Anne Carpentier Gestalt-thérapeute, 2011

Introduction
1. LES ACCES DE COLERE / L'AGRESSIVITE
2. L'HYPERACTIVITE (peu fréquente à Tana)
3. LA TIMIDITE
4. LES TROUBLES DE L'ALIMENTATION
5. LES TROUBLES DU SOMMEIL
6. LES TROUBLES DU CONTROLE SPHINCTERIEN.
7. REGRESSIONS PSYCHOMOYRICES CHEZ L'ENFANT

AVIS IMPORTANT

Les fiches et récits d'expériences "Pratiques" sont diffusés dans le cadre du réseau d'échanges d'idées et de méthodes entre les ONG signataires de la "charte Inter Aide".
Il est important de souligner que ces fiches ne sont pas normatives et ne prétendent en aucun cas "dire ce qu'il faudrait faire"; elles se contentent de présenter des expériences qui ont donné des résultats intéressants dans le contexte où elles ont été menées.
Ces fiches sont mises en ligne en accès libre pour le bénéfice commun. Pour autant, les méthodologies et outils présentés appartiennent aux ONG qui les ont conçus et les utilisent.
Ainsi, les auteurs espèrent que ces fiches puissent servir à d'autres opérateurs de terrain: c'est pourquoi elles peuvent être utilisées et réproduites à la condition expresse que les informations qu'elles contiennent, le nom des auteurs et des ONG opératrices soient données intégralement y compris cet avis, et avec
l'accord préalable de Pratiques.

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Annexe : fiche d'observation et de suivi de la relation mère / enfant lors des ateliers d'éveil
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Introduction

Nous allons voir les comportements naturels chez l'enfant et les comportements pathologiques (les troubles). La différence entre les deux n'est pas toujours facile à faire. Un comportement pathologique c'est quand un comportement naturel se répète, est exagéré et dure.
Par exemple : un enfant de 2 ans qui fait pipi au lit c'est un comportement naturel pour un enfant à cet âge là. Un enfant de 9 ans qui fait pipi au lit ce n'est plus un comportement naturel, c'est pathologique.

Eczéma, pipi au lit, refus de manger, mauvaises notes, violence ou grande tristesse, agressivité excessive ou passivité extrême, dépendance excessive à la mère ou jalousie excessive, incapacité à se concentrer ou opposition systématique, refus de jouer, sont des troubles. Les troubles sont des signes qui montrent que l'enfant ne va pas bien. Ces troubles ont une raison. Et ce sont des messages d'appel.

Ces comportements excessifs montrent que l'enfant vit quelque chose qu'il n'arrive pas à gérer. Les émotions sont bloquées et un besoin est caché. Le cerveau de l'enfant est immature et l'enfant n'arrive pas encore à gérer ses émotions. C'est pour ça qu'il a besoin de l'adulte pour les comprendre.

Par exemple : Un enfant qui ne veut pas aller à l'école et qui pleure avant d'y aller. En fait, à l'école il se fait humilier par son professeur. Il a peur d'y aller. Si sa maman ne veut pas écouter ce qui se passe pour l'enfant et qu'elle le punit, se fâche, l'enfant ira à l'école mais il n'aura pas appris à gérer sa peur d'être humilié… Plus tard, il risque d'être timide, ne plus avoir confiance en lui. Et ce comportement peut se répéter et devenir un réel trouble, un réel problème à l'âge adulte. L'enfant ne dira pas : " J'ai peur d'aller à l'école car mon professeur m'humilie". C'est à l'adulte de l'aider à comprendre ce qui se passe pour aider l'enfant à trouver une solution (gérer ce qu'il ressent et trouver ses forces en lui pour y faire face, retrouver confiance en lui, le changer d'école….).

Les enfants nous disent ce dont ils ont besoin. Mais il faut que nous sachions les écouter et décoder leur langage. Derrière ce que les adultes nomment caprices, derrière un comportement bizarre, déplacé, excessif, cherchons ce que vit l'enfant, son émotion, son besoin. L'enfant nous dit quelque chose. L'écoute l'aidera à changer son comportement.

Exemple : " je ne veux pas aller à l'école, j'ai mal au ventre".
Se poser la question : "que dit-il ?"
Faites-le en équipe. Il y a plus d'idées dans plusieurs têtes.

Si l'enfant vit un malaise, il l'exprime par son comportement, si l'adulte est là pour l'aider à l'exprimer, à le comprendre, l'enfant va gérer son comportement.
Si l'adulte ne l'écoute pas, ce malaise va soit s'exprimer à nouveau dans son comportement qui va se répéter, s'exagérer et devenir un véritable trouble ou alors s'enfouir en lui pour ressortir à l'âge adulte.

Ces émotions non exprimées peuvent rester enfouies des années et ressortir à l'âge adulte (incapacité à vivre des relations heureuses, conflits, maladies comportements violents, dépendances relationnelles, alcoolisme, drogue…) Ces conduites prennent racines dans l'enfance. Ils sont le résultat de blessures relationnelles, de manque, et d'échec de communication.

1. LES ACCES DE COLERE / L'AGRESSIVITE

Qu'est ce que la colère ?

La colère est une émotion normale et saine
. La colère sert à construire son identité. Elle permet de défendre son territoire, son corps, ses idées, ses valeurs… Elle donne la force de s'affirmer, de dire "non", de se sentir soi. Elle permet de réagir face à une invasion, une injustice.

Pourquoi se met-on en colère ?

  • La colère arrive quand un besoin ou un désir à l'intérieur de soi se confronte avec une réalité extérieure. Mon désir est différent de la réalité extérieure (interdit des difficultés du développement intellectuel, agressivité d'impuissance à parler).
    L'enfant vit des frustrations. Et une manière de commencer le processus d'acceptation de la réalité est la colère. Quand je suis en colère c'est que je commence à comprendre que la réalité extérieure n'est pas la même que ma réalité intérieure. Petit à petit viendra l'acceptation de la frustration.
    Quand l'enfant est fatigué, il se met rapidement en colère car il n'a alors plus la capacité à gérer la frustration. Il ressent en lui un vague mal être. Il saisit la première raison venue. Il veut un bonbon, il n'aime pas le repas… Il cherche à évacuer son énergie.

  • Bien souvent, il y a de la tristesse derrière la colère. L'enfant dira : "Tu es méchante" et non "je suis triste que tu ne me donnes pas ce jouet". Pour ne pas sentir que j'ai mal, je préfère sortir toute ma rage sur l'autre.

La colère est une émotion qui sert à gérer la frustration. Elle permet de la vivre de la sentir en soi et de la traverser.

Il y a des colères saines, non violentes, structurantes et des colères excessives, violentes et destructrices. Les premières sont à écouter et les secondes à décoder.

Comment peut on réagir quand l'enfant fait une colère ?

  • Il faut que cette agressivité puisse s'exprimer. Exprimer sa colère est important pour sentir sa puissance, se faire respecter, faire face à la frustration (sans être détruit par la souffrance du manque), et rétablir l'harmonie dans les relations. La colère est affirmation de soi face à l'autre, précision des limites à ne pas dépasser. Quelqu'un qui ne sait pas exprimer sa colère peut se sentir victime et impuissant dans la vie.

    Le cerveau de l'enfant est encore immature et l'enfant n'est pas encore capable de maîtriser ses émotions. L'enfant est donc prisonnier de son émotion sans possibilité de relativiser les choses.

    C'est donc à l'adulte de l'aider à comprendre ce qu'il ressent et à verbaliser : "c'est parce que tu n'as pas pu lui dire ce que tu voulais que tu l'a poussé", "il voulait entrer en communication avec toi et tu n'as pas su lui répondre", "il voulait te prendre ton jouet car ce que tu as l'intéresse"…. Bien souvent, l'agressivité que l'on peut observer entre enfants est juste une manière d'entrer en relation. L'enfant n'a pas conscience qu'il fait mal. C'est de l'exploration (cela commence vers 1 an).

    Quand l'enfant est capable de nommer sa colère, il va penser sa colère. Il ne sera plus démuni face à son émotion intérieur intérieure car il aura la capacité d'organiser son vécu, de prendre du recul et plus tard de maîtriser sa colère. Il sera capable de mettre des mots sur ce qu'il vit et de l'exprimer verbalement.

Quand l'enfant est en colère :

  • Accueillir l'émotion de l'enfant. La laisser s'exprimer (coussins)
  • Pour un petit le contenir, maintenir le contact. Le prendre dans ses bras.
    Et mettre des mots sur la colère du bébé. Le bébé comprend beaucoup plus de choses qu'on le pense.
  • Formuler en mot éventuellement : "Je comprends que tu sois en colère…. C'est dur d'accepter ça. Tu étais furieux parce que tu voulais venir avec moi…", "tu as le droit d'être en colère, de te fâcher quand ton frère te prend ton jouet", "quand tu jettes des cailloux, je me dis que tu es triste de quelque chose", "qu'est ce qui te rend en colère ?"…..

Qu'est ce qui se passe si les parents tapent l'enfant quand il est en colère ?

Si l'enfant reçoit une raclée quand il est en colère, il va associer la raclée à l'idée que quand il est en colère, il peut être détruit. Il va donc penser que l'expression de sa colère est dangereuse. Il ne l'exprimera plus. Au plus, il enferme sa colère à l'intérieur de lui, au plus, il pourra être violent ou être timide. La violence est le résultat du non-dit de la colère. J'ai peur que mon malaise me détruise alors, je jette mon malaise sur l'autre. La violence est le résultat d'une accumulation de sentiment d'impuissance et aussi de peur.

La colère est constructive tandis que la violence est destructrice. La colère est au service de la protection de la vie (défendre mon territoire, mes idées). Ma colère parle de moi et de mes besoins. La violence parle sur l'autre et cherche à blesser et à détruire l'autre. "Je ressens un besoin. Je l'exprime et je n'obtiens pas satisfaction. Il me manque quelque chose. Je suis mal. Je ne veux pas voir que j'ai mal alors je fais mal à l'autre".

La colère (cris, agitation, agressivité, trépignements,…) est banale chez l'enfant avant 5 ou 6 ans. L'expression de l'agressivité est normale chez l'enfant jusqu'à un certain point. Elle ne doit pas désorganiser de manière excessive l'enfant. Après 5 ou 6 ans, elles ne sont pas considérées comme normales.

D'après vous, d'où peut provenir l'agressivité excessive ( pathologique) de l'enfant?

Causes :

  • De l'autorité excessive du milieu familial. Un des besoins fondamentaux de l'être humain est l'expression de soi. Si l'enfant ne peut pas s'exprimer dans son milieu, il vivra beaucoup de tensions, de frustrations, il aura donc des décharges d'agressivité. Et souvent l'expression de son agressivité se fera vers un plus faible que lui. Il aura alors à ce moment là l'impression de pouvoir exister et s'exprimer.
  • Un abandon de la part d'un parent, des carences affectives. Par exemple, Rakoto dont le papa est parti fait des grosses colères et est très agressif. Dans sa tête il s'est dit : "papa est parti = il ne m'aime pas parce que je suis un méchant enfant" donc il se comporte comme un enfant méchant.
    On ne m'aime pas. Je suis en colère car le besoin en moi d'être aimé et reconnu n'est pas satisfait.
  • De la violence domestique. L'enfant va s'identifier aux adultes qui l'entourent et surtout aux parents, si les parents sont agressifs, s'ils frappent l'enfant, l'enfant fera la même chose. Pour lui, il assimile le fait de frapper à l'amour : "quand on aime, on frappe". L'enfant n'a appris que ce mode de fonctionnement, il ne peut donc se comporter différemment.
  • (Des abus sexuels. L'enfant se placera automatiquement sur un mode défensif face à l'entourage et à l'environnement. L'enfant abusé vit dans la peur de l'autre, la peur que l'autre l'agresse… Il va donc agresser en premier.)
  • Des parents qui s'occupent peu de leur enfant….L'enfant ne se sent pas aimé. En plus ses parents ne s'occupent de lui que pour le punir, quand il fait une bêtise. Alors l'enfant pour avoir l'attention de ses parents va être méchant, agressif et faire des bêtises. Il cherche à être puni car au moins on s'occupe de lui.
  • Peut provenir d'un milieu familial trop laxiste ou des parents qui donnent des limites inconstantes (qui changent tout le temps). Les parents n'ont jamais posé de limites à l'enfant ou des limites qui changent tout le temps, l'enfant ne peut pas se structurer. L'enfant est incapable de renoncer à ses satisfactions immédiates, à ce qu'il désire, il ne sait pas gérer la frustration. Dès que quelque chose ou quelqu'un le contrarie, il va répondre par la colère ou l'agressivité.
  • L'agressivité peut également être le signe d'un sentiment d'infériorité de la part de l'enfant (par exemple au niveau intellectuel). L'enfant cherche une réparation, une revanche sur son sentiment d'infériorité. Il va chercher à dominer l'autre, à être supérieur à l'autre par son agressivité voir sa force physique.

Interventions

  • Ecouter l'agressivité de l'enfant.
  • Activités expressives comme le dessin, la peinture, les jeux de rôles… Amener l'enfant à verbaliser.
  • Valorisation de l'enfant. Reconnaissance affective.
  • Activité de décharge comme déchirer, construire et détruire…
  • Dialogue avec les parents. Sensibilisation par exemple sur la violence domestique et sa reproduction.
  • Poser des interdits constants et les expliquer. Il est important que l'enfant comprenne pourquoi on peut faire chose et pourquoi on ne peut pas faire telle autre chose.
  • Eviter des frustrations trop brusques à l'enfant. Par exemple, si l'enfant joue et que l'adulte l'interrompt brutalement, l'enfant risque de répondre par une crise de colère. Pour éviter cela il suffit de prévenir l'enfant un peu avant : "tu vas bientôt devoir arrêter de jouer car on va devoir manger".
  • Il faut aussi montrer à l'enfant qu'il existe un autre mode de relation à l'autre. Il n'y a pas que la violence et l'agressivité pour communiquer avec les autres, il existe aussi la douceur et la compréhension. "Tu n'as pas besoin d'être méchant pour que je fasse attention à toi".

NB: L'intervention dépendra aussi beaucoup de la cause de l'agressivité de l'enfant.

 

2. L'HYPERACTIVITE (peu fréquente à Madagascar)


Nous aimerions que les enfants ne pleurent pas pour un rien, qu'ils ne se mettent pas en colère, qu'ils nous obéissent dès qu'on leur demande quelque chose, qu'ils soient sages, qu'ils ne courent pas en hurlant, qu'ils mangent proprement, qu'il boivent sans renverser leur verre et faire des expériences… Nous aimerions que les enfants ne soient pas des enfants… Seulement, ce sont des enfants… Ils ont besoin de jouer, crier, courir, sauter, faire des expériences, d'être bruyants… La plupart des adultes aiment le calme, l'ordre, les paroles mesurées… La plupart des enfants sont à l'aise dans le désordre, adore le bruit et en faire…
Ces comportements chez les enfants sont normaux et pas inquiétant… Ils explorent, ils apprennent.

L'hyperactivité est par contre un trouble. Ce sont en général des enfants que l'on qualifie de turbulents , qui n'arrêtent pas de bouger. Les enfants hyperactifs sont incapables de se concentrer sur une activité. L'enfant est incapable d'avoir une activité continue. L'enfant plus tard peut avoir des difficultés d'intégration scolaire.

Causes :

  • Trop de protection de la part des parents, trop d'invasion. L'enfant ne peut quasiment rien faire de sa propre initiative, tout lui est interdit. Les parents font tout à la place de l'enfant. Il va alors une forte quantité d'énergie qu'il ne peut exprimer et qui va se transformer en hyperactivité ne pouvant plus contenir toute cette énergie.
  • Absence de limites de la part des parents, parents trop tolérants voir abandon des parents. L'enfant n'a pas de limites. L'enfant n'est pas structuré. Il n'arrive pas à se concentrer sur une activité, à la structurer…Il ne pourra pas construire de but et de fin à son activité.
  • Troubles affectifs (enfant non désiré ou que les parents ont des difficultés à accepter). C'est une façon pour l'enfant de prouver son existence. Si personne ne se préoccupe d'écouter les besoins de l'enfant, son agitation peut devenir violence.
  • Dépression (l'enfant ressent un énorme vide intérieur, de la peur et de l'anxiété qu'il comble en bougeant énormément).
  • Neurologiques

Interventions

  • Activités dans un environnement où il y a peu de stimulations
  • Jeu impliquant des règles.
  • Activité de décharge motrice.
  • Technique de relaxation.
  • Dialogue avec les parents.

3. LA TIMIDITE

La timidité chez l'enfant est quelque chose de normal. Dans une certaine limite. Elle commence à apparaître vers 8 mois, quand l'enfant commence à se sentir séparé de sa maman. Il prend de plus conscience de son environnement. Il a peur des étrangers.

Qu'est ce que la peur ? Comment intervenir ?

La peur est une émotion normale et saine. Elle nous informe sur la présence d'un danger, elle mobilise le corps pour y faire face. Elle nous apprend à nous préparer devant l'inconnu. Elle est naturelle.
Les peurs que l'enfant vit sont les suivantes : peur de tomber, des bruits forts, de la séparation, des visages inconnus, du noir, des animaux, des pamosavy, du bain…Peur du changement, peur de la mort, de ce qu'on ne connaît pas.
L'enfant qui a peur n'a ni tort ni raison il a simplement plusieurs raisons d'avoir peur.


Comment réagir face à un enfant qui a peur ?

  • Forcer à affronter est inutile et renforce en général les peurs. Quand la décision d'affronter la peur vient de l'adulte, l'enfant le fait pas dépendance et non par choix. Il ne mobilise pas ses ressources en lui. Etre dépendant augmente la peur. Bien souvent les parents ne supportent pas que leurs enfants ne soient pas à a hauteur de leur espérance et en deviennent agressifs envers leur enfant. Tu n'es pas capable.. C'est un peu comme si les parents n'étaient pas capables.
  • Aider quelqu'un à dépasser ses peurs nécessite du temps. Le temps que la peur laisse place au désir. Quand l'enfant a peur, pensez à ce qui pourrait lui faire envie. Pourquoi ne pas laisser le temps aux enfants d'apprivoiser leurs peurs ? Donner à l'enfant les moyens de faire face à ses peurs à son propre rythme.
  • Sécuriser, aider l'enfant à verbaliser et à exprimer sa peur. "Je comprends que tu aies peur". Avant d'aller sur le toboggan, une petite fille pleure, sa maman insiste lourdement. Une animatrice intervient : "elle a le droit d'avoir peur. Il fait beaucoup de bruit ce chien". Ne cherchez à guérir l'enfant de sa peur, ni à résoudre son problème à sa place. Accompagnez-le dans ce qui lui fait peur. Et ensuite aidez le à trouver ses solutions en lui même. "Et si tu voyais un Pamosavy, qu'est ce que tu lui ferais?"
Entre autre, la peur d'être jugé, blessé, humilié, rejeté, ignoré, la peur de l'échec, la peur d'un rejet qui nous dise que nous n'avons pas notre place parmi les autres, la peur de l'autre, la peur de mourir sont toutes des souffrances qui prennent racines dans la petite enfance et qui nous empêchent à l'âge adulte d'être nous-mêmes, de nous monter tels que nous sommes et d'être en relation juste avec les autres. Les peurs excessives peuvent conduire l'enfant à une extrême timidité.
La timidité peut, si elle est excessive, être pathologique en réponse à un environnement défavorable.

D'après vous, d'où peut provenir la timidité de l'enfant ?

Causes :

  • Toujours liée à un sentiment d'infériorité
  • Négligence. On s'occupe peu ou pas de lui. L'enfant a donc l'impression qu'il n'est pas important, qu'il n'a pas de place (pas le droit d'exister, pas le droit à la parole).
  • Dépression
  • Manque de dialogue dans la famille.
  • Education trop rigide.
  • Quand je ne peux pas exprimer ce dont j'ai besoin, ce dont j'ai envie, ce que je suis à peu d'importance, a peu de valeur. Je tais ma colère à l'intérieur de moi. Je ne me défends pas. Je suis inférieur à l'autre… Je ne me sens pas à l'aise car je n'ai pas confiance en moi.
  • Violence domestique. "Ca me fait mal et j'ai peur d'avoir mal". Peur continuelle des réactions d'autrui.
  • Manque de confiance, manque de valorisation. Peur des jugements d'autrui. Si l'enfant n'ose pas répondre à l'humiliation d'un adulte qui le blesse, le ridiculise, il reste dévalorisé, humilié, ridiculisé et peut garder cette blessure très longtemps. Comme obliger un enfant à faire quelque chose dont il a très peur.
  • Pauvreté économique (sentiment d'infériorité, honte).

L'enfant montre un complexe d'infériorité, une peur d'être puni, une peur de l'échec, tristesse,… L'enfant est renfermé.
Il est important de garder à l'esprit que si l'on a peur du jugement d'autrui, c'est essentiellement parce que l'on donne une certaine valeur à cette ou ces personnes, il est rare d'être timide en face d'une personne à laquelle on est totalement indifférent voir égal.

Interventions

  • Valoriser l'enfant (sécuriser par le toucher; donner des responsabilités à l'enfant...). Lui montrer que son travail et ses idées sont aussi intéressantes qu'autrui.
  • Le rassurer.
  • Activités plus individuelles pour que l'enfant développe sa confiance en lui. Activité d'expression
  • Mettre en place des groupes ou le sujet abordé fait partie de ses domaines préférés et où il a des compétences fortement acquises (le mettre au départ dans un groupe où l'on sait qu'il a un savoir supérieur aux autres).
  • Activités de groupe sécurisantes. On n'impose pas à un enfant extrêmement timide de venir parler devant un groupe, d'aller au tableau.
  • Dialogue avec les parents, sensibilisation des parents
  • Relaxation.
  • Activités où l'on aide l'enfant à exprimer ses émotions.
  • ….
4. LES TROUBLES DE L'ALIMENTATION.

Ils surviennent souvent entre 5 à 8 mois. Ils ne sont pas inquiétant s'ils surviennent au moment du sevrage. Ils peuvent être d'origine organique comme une bronchite, des diarrhées... S'il n'y a pas de cause organique, ce refus est très souvent lié à un environnement défavorable comme des conflits familiaux, un rejet affectif, des problèmes affectifs.
Le refus de s'alimenter survient généralement de manière sélective lorsque s'est la mère qui nourrit son enfant. Les problèmes d'alimentation peuvent être liés à de la dépression. Parfois l'anorexie précoce est une manifestation de maladies mentales comme la psychose.

Les vomissements. Jusqu'à l'âge de 6 ans, les nausées et les vomissements d'origine psychique sont très fréquents. Le type même du vomissement anxieux étant celui qui précède le départ à l'école. Le vomissement souligne souvent une forte angoisse chez l'enfant d'aller à l'école. Aider à l'enfant à verbaliser ses peurs.

Les aberrations alimentaires. Certains enfants portent à la bouche n'importe quel objet, papier, cailloux, caca…Ce phénomène se produit en général chez des enfants âgés de 4 à 9 mois et diminuent vers la fin de la première année. Ceci fait partie de l'exploration et c'est un phénomène tout à fait normal. Par contre on peut trouver chez des enfants plus âgés (cas très rare), des enfants qui mangent des substances non alimentaires : savon, sable,….Cette maladie est appelée le pica. Il s'agit alors d'une perturbation grave dans la relation mère-enfant (mère abandonnique), en particulier dans le cas de la coprophagie (manger son caca).

5. LES TROUBLES DU SOMMEIL

La période de 18 mois à 6 ans est celle où les troubles du sommeil sont les plus fréquents, car c'est une période d'intense activité psychique (l'enfant doit intégrer beaucoup d'informations). L'enfant est confronté à des conflits internes (différence qui existe entre ce qu'il pense, ses désirs et la réalité du monde environnent) qui peuvent s'exprimer par différents troubles dont les troubles du sommeil. Les troubles du sommeil vont devenir rares vers l'âge de 7 ans, si après cet âge ils persistent, cela peut être le signe d'une souffrance psychique importante.

Trois types d'insomnies :

  • Insomnie d'endormissement. L'enfant n'arrive pas à s'endormir et s'oppose au coucher.
  • Insomnie anxieuse. Il peut y avoir au cours de la nuit répétition de terreurs nocturnes ou de rêves d'angoisse ou d'éveil anxieux….
  • Insomnie joyeuse. L'enfant est réveillé pendant plusieurs heures durant pendant la nuit. Il n'y a pas d'anxiété, l'enfant joue, chante, rit, souvent il se lève de son lit, sort ses jouets, va boire, manger,…
    S'endormir est une expérience éprouvante pour l'enfant, car s'endormir c'est se séparer, c'est être dans le noir, c'est être livré à aux monstres, aux pamosavy,…C'est quitter le monde extérieur et se retrouver seul. L'enfant a donc besoin pour s'abandonner au sommeil, de créer un espace sécurisant. Il peut également avoir peur d'être abandonné.

On peut également observer :

L'opposition au coucher.
C'est une conduite qui s'observe essentiellement à l'âge de 2-3 ans. L'enfant refuse d'aller au lit alors qu'il tombe de sommeil. Il fait des colères, il se relève. Seule l'attitude patiente calme et ferme des parents viendra à bout de cette conduite. L'excès d'autorité ou d'hésitation entraîne à l'inverse la persistance de cette conduite.

Les rituels du coucher.

Il s'observe à partir de l'âge de 2 ans pour disparaître le plus souvent vers 4-6 ans. L'enfant va demander à ce qu'on lui lise une histoire, toujours la même, puis il va se relever, disposer ses affaires d'une certaine façon, prendre un objet familier, exiger que sa mère revienne, puis se relever pour aller boire…Ces comportements se répètent de la même façon chaque soir. Il cherche à vérifier que tout soit en ordre dans son environnement, ce qui le rassure. Ceci va lui permettre de s'endormir en sachant qu'il retrouvera le même environnement le lendemain matin. C'est comme si l'enfant se disait : "Si le coucher se passe ce soir comme hier, alors comme hier j'ai bien dormi, je dormirai bien aujourd'hui".

La phobie du sommeil.

Ces conduites surviennent généralement entre 4 et 6 ans. L'enfant a alors des symptômes phobiques au moment du coucher : besoin d'un parent près de lui, peur du noir, exigence d'une lampe allumée, portes ouvertes… L'enfant peut aussi demander à l'un des parents de rester auprès de lui jusqu'à ce qu'il s'endorme…

Causes :

  • L'hypersomnie de l'enfant peut être dû à un retard mental (= handicap mental, déficience mentale).
  • Les troubles de l'alimentation comme l'anorexie précoce du nourrisson associé à des troubles du sommeil comme l'insomnie d'un nourrisson calme et silencieux, peut être le témoin d'une carence affective grave et troubles grave de l'interaction mère-enfant. Ils peuvent alors être liés à une dépression sous jacente. Egalement d'une maladie mentale.
  • Rechercher si dans l'entourage, il n'y aurait pas une personne anxieuse. Eviter le contact avec la personne anxieuse.
  • Rechercher s'il n'y a pas des disputes conjugales quand l'enfant dort.
  • Pour s'endormir, il faut se sentir en sécurité (c'est pour cette raison que les enfants ont besoin d'un contact plus intime avant de s'endormir (bisous, histoires,…). Problème d'insécurité. Peur du noir (insécurité). Besoin de lumière.
  • Manque d'activités physiques. Il faut être fatigué pour s'endormir.
  • Sur-stimulation du milieu. Si on stimule trop l'enfant avant de le mettre au lit, il sera dans un état d'agitation physique, il sera excité ce qui n'est pas propice à l'endormissement.

Interventions :

  • Donner un objet à l'enfant qui le sécurise souvent un objet qu'il a fortement investi affectivement.
  • Lui raconter une histoire (pas une histoire qui fait peur).
  • Allumer la lumière.
  • Raconter ou dessiner les monstres de la nuit.
  • Rester un certain temps avec l'enfant pour le rassurer.
  • Respecter les rituels d'endormissement.
  • ….

Les cauchemars.
Il arrive que des souvenirs très anciens remontent dans les rêves. Les cauchemars sont des émotions que l'enfant n'a pas pu exprimer (la peur, la colère…) et qui attendaient un prétexte pour pouvoir resurgir dans le rêve et pour se faire entendre.
Chercher ce qui se passe dans le quotidien de l'enfant à l'heure actuelle mais aussi dans le passé. Si le cauchemar se répète, rechercher dans le passé lointain de l'enfant.

Ex : l'enfant a t-il eu peur dans la journée ou avant? Aurait-il des motifs de colère? Les parents se sont-ils disputés? Y a t-il un secret de famille qu'on n'a pas voulu lui dire? Un des parents est absent? A -t il vécu des pertes, frustrations, injustices…?
Outre la verbalisation, le dessin peut être un bon moyen pour s'exprimer. En plus, dans son dessin, l'enfant ose regarder son cauchemar (ce qui lui permet de se rassurer) et l'enfant a un pouvoir sur lui. L'enfant ici combat son sentiment d'impuissance.
Qu'est ce que tu ferais si u voyais un pamosavy ? Je le tuerais, je lui couperais le ventre….

6. LES TROUBLES DU CONTROLE SPHINCTERIEN.

La propreté est acquise pour l'enfant entre un an et demi et trois ans. Il existe des différences entre la fille et le garçon, la fille étant propre plus rapidement que le garçon. Il existe 2 troubles essentiels de la propreté : l'énurésie et l'encoprésie.

Pourquoi, d'après vous les enfants font pipi au lit après l'acquisition de la propreté?

Causes

Il faut éliminer les facteurs organiques. Les traumatismes affectifs et les perturbations émotionnelles jouent certainement un rôle important. L'enfant est souvent très gêné de faire encore pipi au lit à un âge où l'on est grand. C'est très culpabilisant pour lui. Certaines attitudes parentales peuvent perturber l'acquisition de la propreté comme l'indifférence, les attitudes sévères, rigides et répressives.

Le fait de faire pipi au lit peut traduire chez l'enfant :
- une agressivité et une opposition à sa maman.
- une conduite pour obtenir plus de soins maternels. Dans ces cas là, le fait de faire pipi au lit survient le plus souvent dans un climat de frustrations affectives , de carences affectives ou de conflit entre les parents ou d'une séparation, d'un divorce, à la suite de la naissance d'un petit frère, d'un placement de l'enfant,...

Intervention

Il est indispensable d'apprendre la propreté dans un climat affectif et de récompense et non dans un climat de répression et de punition (c'est bien, je vois que maintenant tu fais comme les grands). Les parents doivent avoir une attitude déculpabilisante et encourageante. Il peuvent aider l'enfant à se retenir, utiliser un calendrier… Il vaut mieux ne pas donner trop à boire le soir.

L'apprentissage de la propreté

Le contrôle ne peut se faire que si l'enfant est prêt à le faire et c'est mieux si le moment est librement choisi. L'enfant devient discipliné par nécessité, par désir de faire comme l'adulte (il faut que les parents montrent l'exemple), par désir de grandir. Il est nécessaire que l'adulte lui explique la propreté et lui donne l'occasion d'être propre (mettre l'enfant au toilette après les repas avant et après la nuit).

Pour cela, il faut qu'il puisse agir volontairement sur certains muscles ceux de l'anus et de l'urètre et qu'il puisse ressentir. On dit que l'enfant est neurologiquement prêt à se contrôler quand il est capable de monter un escalier debout, seul, en alternant ses deux pieds (entre 20 et 30 mois). L'éducation et le climat affectif sont déterminant pour l'apprentissage de la propreté. Par l'acquisition de la propreté, l'enfant apprend à sentir le besoin, à se retenir, à se soulager. L'enfant apprend à disposer de son corps. Il dit "non" quand il se retient et il dit "oui " quand il fait ses besoins. Il apprend que son corps lui appartient et qu'il peut se maîtriser. Il prend conscience de lui comme un individu séparé.

7. REGRESSIONS PSYCHOMOYRICES CHEZ L'ENFANT

On entend par régression psychomotrice le retour à des comportements enfantins qui normalement n'existent plus comme : retéter, parler comme un bébé, remarcher à quatre pattes, faire pipi dans sa culotte, se balancer...
Les régressions psychomotrices peuvent provenir de plusieurs choses. Il se peut que l'enfant ait un problème grave de santé (méningite, affection neurologique, vers …).

L'enfant a besoin de soutien affectif pour avoir envie de grandir, de se développer et de devenir adulte. Au cours de son développement, l'enfant fait régulièrement des régressions afin d'être re-rassurer, et de re-puiser l'énergie nécessaire pour mieux grandir. La régression chez l'enfant est liée à un moment où l'enfant a besoin d'être à nouveau petit pour qu'on le réassure affectivement, que l'on s'occupe de lui comme un petit. Il faut donc se demander pourquoi l'enfant exprime ce besoin pour pouvoir l'aider. Ces régressions ne sont pas inquiétantes.

Des difficultés relationnelles et affectives, un choc ou un traumatisme, l'arrivée d'un petit frère… peuvent être la cause d'une régression.
Si l'enfant retourne à un stade antérieur, c'est qu'il souhaite en avoir un bénéfice.

Si la régression dure, elle peut avoir de graves conséquences pour le développement ultérieur de l'enfant. C'est pour ça qu'il est important d'être attentif aux régressions de l'enfant et essayer de l'aider.

a) Les carences affectives

L'enfant présentant des carences affectives peut régresser. L'enfant, ne recevant pas la valorisation indispensable à sa croissance, n'aura pas de désir de grandir. Cette régression ou cette absence de développement peut déboucher sur un handicap si on n'y prête pas attention.
Les privations massives ou prolongées peuvent entraîner en plus d'une régression psychomotrice une passivité générale, des balancements répétés et identiques de la tête et du corps et parfois un retard mental. Egalement des troubles de l'alimentation comme un refus de s'alimenter ainsi que des troubles du sommeil comme de l'insomnie. Le nourrisson est souvent qualifié de calme et silencieux.
Une carence affective majeure et prolongée peut provoquer chez l'enfant un autisme secondaire.

Intervention :

Il s'agit donc de nouer avec la maman un dialogue, de creuser son désir d'enfant, ce qu'elle vit intimement dans sa relation avec lui.
Par exemple, l'enfant peut-être le responsable inconscient pour la maman de la perte de leur mari (un mari qui n'éprouve plus de désir pour sa femme après la naissance, un mari qui est parti pendant la grossesse ou après l'accouchement…).

  • Il s'agit également de pousser la maman à verbaliser à son enfant ce qu'elle éprouve pour lui, la place qu'il occupe pour elle, pour sa famille, son enfant idéal.
  • Expliquer à l'enfant son histoire. Mettre des mots sur ce que sens l'enfant, sur ce qu'il vit.
  • Offrir à l'enfant de la stabilité et de la consistance affective (activité de maternage).
  • Valoriser l'enfant et la maman.

La carence affective se traduit bien souvent par de la dépression. Elle peut aussi se traduire par de l'hyperactivité.


b) Dépression

Pourquoi est-on triste, à quoi ça sert la tristesse ? Comment réagir ?

On est triste quand on perd, on arrive pas à faire quelque chose, ou que la réalité extérieure est différente de nos souhaits….

La tristesse est l'émotion qui accompagne la perte. Pleurer permet d'expulser les toxines secrétées par la peine. Les larmes sont utiles pour ne pas garder la tristesse au fond de soi. Une tristesse qui ne peut être exprimée va rester bloquer des années.

  • Accueillir l'émotion.
    On pense souvent que de dire à un enfant d'arrêter de pleurer va enlever sa douleur comme par un processus magique. Or pleurer permet de réparer l'organisme après une perte. Ca fait du bien de pleurer dans les bras de quelqu'un qui sait écouter les larmes sans les stopper, sans juger.
    Un enfant qui doit taire ses larmes enferme en lui sa douleur. Toute son énergie se concentre pour mettre du sens à cette douleur et pour la gérer. Et toute cette énergie n'est plus disponible pour apprendre, jouer ou établir des relations avec les autres. Tôt ou tard, il exprimera sa douleur par un symptôme. Pour éviter que des troubles apparaissent chez l'enfant, il est nécessaire que l'adulte l'aider à mettre des mots sur ce qu'il vit.
    Une tristesse qui ne peut être exprimée va rester bloquer des années. Quand l'émotion n'est pas entendue, l'enfant peut s'enfermer dans la dépression.
  • Consoler.
  • Et ensuite parler : "Qu'est ce qui te rends triste ?" "Je comprends que tu sois triste… C'est dur de perdre…"

La dépression est bien différente d'une tristesse passagère. C'est une atmosphère qui s'installe pendant des semaines, des mois voire des années. La dépression indique un problème insoluble pour l'enfant, une profonde détresse qui n'est pas entendue.

Un enfant dépressif est un enfant qui souffre.

Les causes de la dépression :

  • Des carences affectives. Enfant non désiré. Manque d'assurance affective. Décès d'un parent. Séparation brutale. Abandon.
  • Manque d'une qualité de présence de la part de ces parents. Négligence des parents.
  • Une enfant qu'on dévalorise, qu'on humilie, qu'on ne laisse pas s'exprimer…
  • De la violence domestique subie ou s'il est témoin de violences. Des parents qui ne s'aiment pas ou qui ne se respectent pas. Des conflits conjugaux.
  • Un secret de famille qui n'est pas dévoilé à l'enfant.
  • Un parent est dépressif. L'enfant porte la tristesse des parents.
  • Abus sexuel.

Les signes que peut montrer un enfant dépressif sont :

  • grande tristesse. L'enfant ne rit pas, ne sourit pas. Il pleure souvent.
  • Des difficultés à jouer ou une absence de jeu.
  • Peu d'intérêt pour l'environnement.
  • De la peur, de l'anxiété,
  • de l'hyperactivité,
  • de la passivité extrême, ne s'intéresse à rien et s'ennuie
  • de l'agitation,
  • des troubles du sommeil pour échapper à la réalité,
  • de troubles de l'appétit,
  • de l'énurésie,
  • des balancements,
  • des difficultés scolaires,
  • un manque d'assurance, timidité,
  • quand un enfant est trop sage à l'école ou trop brillant. Personne ne s'en inquiète et c'est pourtant une des expressions de la dépression. Un enfant c'est vivant et s'il est trop sage, c'est qu'il s'interdit quelque chose.

Interventions
Il faut intervenir rapidement.
Essayer de comprendre ce qui rend triste l'enfant et agir en conséquence.


c) Décès de la maman

Un nourrisson ayant perdu sa maman peut montrer des signes de dépression car il perd le lien qui l'humanisait, cette relation unique. Très souvent, si c'est la famille qui s'occupe de l'enfant alors que la maman est morte peu après l'accouchement, la famille fait porter à l'enfant la responsabilité du décès. Bien sûr, cette personne ne lui dit pas. Mais sa façon d'être avec l'enfant, de le considérer, de le regarder, les propos attristés autour de son berceau créent un climat dépressif que le nouveau-né ressent.
Les enfants ne vont acquérir l'idée de la non-réversibilité de la mort que vers 9 ans (sauf s'ils ont une maladie grave). C'est pour ça qu'un enfant peut demander à sa grand-mère : "Dis, quand est-ce que tu seras morte?".

Les étapes du deuil :

  • Le déni, le refus de voir.
  • La colère contre l'inacceptable.
  • La tristesse (+nostalgie et besoin de raconter ce qu'il vivait avec l'autre)
  • L'acceptation.
    La nostalgie est importante. Il ne s'agit pas de se faire mal mais d'intégrer la réalité de la perte, de se réparer, reconstruire sa totalité après avoir perdu un morceau de soi. Toute perte est une perte d'un bout de soi. Cette plongée dans le passé est douloureuse. Il est important de pleurer chaque souvenir pour l'intégrer en soi.

Intervention :

  • Activité de maternage, prolonger l'enveloppe maternelle : enveloppement, bercements, caresses, regard, douceur, massages.
  • Valoriser l'enfant.
  • Trouver un substitut maternel.
  • Donner du linge qui porte l'odeur de sa maman.
  • Verbaliser le deuil au nourrisson, à l'enfant.
  • Son père s'est suicidé ? Sa mère est décédée dans un accident de voiture ? Il est important qu'il le sache. Parlez-lui de ce qui s'est passé en restant attentif aux images que l'enfant peut se faire dans sa tête. Ecoutez-le, posez-lui des questions sur ce qu'il imagine. Permettez-lui de parler du deuil plusieurs fois, d'exprimer son vécu, ce qu'il imagine, de poser toutes les questions qui lui passent par la tête. Expliquer ce qu'il s'est passé car les enfants se sentent facilement responsables de tout ce qui arrive à leur entourage. Expliquez-lui qu'il n'y est pour rien, qu'il a le droit de ressentir de la colère ou de la tristesse. L'enfant a par exemple le droit de sentir en colère contre ce père qui a décidé de partir et qui l'a donc abandonné. Quelles que soient les raisons du départ, l'enfant se sent abandonné par celui qu'il aimait et dont il avait besoin. Il est fondamental qu'il sente et puisse exprimer sa colère.


d) L'arrivée d'un petit frère

Que se passe t-il pour un enfant lorsqu'il doit accueillir un petit frère ?
Comment peut-on l'aider ?

Film : L'enfant qui ne voulait pas grandir. Bébé est une personne. (S11 ; 35 min11)

La maman est souvent très occupée par ce nouveau venue et délaisse parfois les autres enfants. L'enfant se sent exclu, abandonné par sa maman. Il avait, avant l'arrivée de son petit frère, une place toute particulière, toute privilégiée. Il était l'unique. Les enfants qui ont un petit frère, ont besoin d'être rassuré sur l'amour que leur porte leur maman.

Avec l'arrivée d'un petit frère, un enfant peut complètement régresser c'est à dire repasser par des stades de développement ultérieurs afin de retrouver cet état de fusion avec sa maman où elle lui donnait toute son attention. On peut voir des enfants qui marchaient et parlaient, et qui, depuis l'arrivée du petit frère ne marche plus et ne parle plus. Ou des enfants qui ne faisaient plus pipi au lit et qui soudainement refont pipi au lit. Tous ces comportements visent à obtenir davantage de soins maternels. Si les parents n'interviennent pas, il se peut que cet état persiste très longtemps.

L'arrivée d'un petit frère peut générer, chez ceux qui étaient là avant lui, des sentiments de rejets très forts voir de l'agressivité. C'est un comportement naturel et sain que l'enfant doit dépasser avec l'aide de ses parents. Si ces parents valorisent le fait qu'il aide et participe aux soins du nouvel arrivant, l'enfant aura très vite fait de prendre cette place afin de briller de nouveau aux yeux de ces parents. L'enfant a besoin que sa maman le rassure en lui disant qu'il ne perdra pas sa place, parlant ainsi qu'en lui montrant des signes de tendresses.

L'enfant, petit à petit, acceptera ce nouvel arrivant…
La jalousie entre aîné et cadet est presque inévitable.
C'est vers seize ou dix huit mois que l'on rencontrera le plus de problèmes puisque l'enfant est en fusion très étroite avec sa mère. C'est l'âge où l'enfant pense posséder complètement sa mère.

On peut dire que :
- La jalousie sera la plus forte si la différence d'âge se situe entre 16 mois et 4 ans.
- Si les enfants ont une différence d'âge inférieure à un an, on trouvera plus souvent des attitudes de compagnonnage.
- Si les différences sont supérieures à quatre ans, les jalousies seront moindres, l'aîné ayant atteint une certaine forme d'indépendance.

Interventions
- Expliquer l'arrivée du nouvel enfant.
- Ne pas changer le comportement et le soin que l'on donnait à l'aîné.
- Comprendre les comportements agressifs de l'aîné envers le cadet et le mettre en mot (ne pas le gronder).
- Lui donner une place au sein de la nouvelle famille.

Kanto s'occupe très bien de sa petite sœur. Elle n'a jamais de mouvement de colère vis à vis d'elle. En fait, elle se défend d'une jalousie qu'elle perçoit comme interdite. Elle se montre ultra gentille pour ne pas montrer " sa méchanceté " . La gentillesse empêche le contact avec sa colère, et restaure une image d'une bonne petite fille. (on appelle ce mécanisme la "formation réactionnelle")

Donnez à l'enfant la permission d'être jaloux et en colère. Dites-lui combien ces sentiments sont naturels et normaux.

Bibliographie

Pour la préparation de ces 6 modules de formation, Alexandra Lesaffre s'est appuyée sur les ouvrages suivants:
- Au cœur des émotions de l'enfant. Isabelle Filliozat. +++
- Vies de familles. Un autre regard sur l'exclusion. T. Potekov & Dr Maurice Titran. +++
- Les étapes majeures de l'enfance de Françoise Dolto ++
- Développement psychomoteur de l'enfant de R.S Illingworth
- La gymnastique des neurones. Le cerveau et l'apprentissage. Dr Carla Hannaford.+
- Le bébé est une personne. B.Martino ++
- L'éveil de votre enfant. Chantal Truchis Leneveu +
- Connaissance de l'Enfant : éducation et pédagogie, Rose Vincent +
- Un merveilleux malheur. Boris Cyrulnik, Editions Odile Jacob Poche ++ (sur la résilience).
- Le vilain petit canard. Boris Cyrulnik Editions Odile Jacob (sur la résilience)
- Les nourritures affectives. Boris Cyrulnik, Editions Odile Jacob
- Pour une naissance sans violence, Frédéric Leboyer +

Vidéos
- Le bébé est une personne. B. Martino, TF1 +++
- Plus que du jeu- Indépendamment tout seul- Se mouvoir en toute liberté EMMI PIKLER - LOCZY. (Produit par Pikler-Loczy Association for Infancy, Emmi Pikler Institute, Budapest, Hongrie). Pour se procurer la vidéo se renseigner auprès de
l'ASSOCIATION PIKLER LOCZY DE FRANCE, Site internet : www.pikler.fr

- Autour de la naissance. Frédérick Leboyer.

Autres lectures & liens internet conseillés par Anne Carpentier

- La psychologie de l'enfant Olivier Houdé, Que Sais-je? n°369 PUF 2008 Voir aussi l'article de Sciences Humaines paru à l'occasion de cette réédition http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_article=14714

- L'enfant tonique et sa mère Suzanne Robert-Ouvray, Desclée de Brouwer 2007, coll.DDB Psy
Voir aussi plusieurs articles très intéressants, sur le rôle de la motricité dans la construction du psychisme, sur les conséquence de la violence sur l'enfant, sur l'échec scolaire... http://s.robertouvray.free.fr/ Conseillé par Alexandra David

Te laisse pas faire ! les abus sexuels expliqués aux enfants, Jocelyne Robert, les éditions de l'Homme, 2000

Rencontrer, traverser, dépasser la violence (Le processus de la violence) à la disposition des membres de Pratiques sur demande

Aspects psychologiques (normaux et pathologiques) de l’alimentation et du sommeil chez le nourrisson http://www.univ-rouen.fr/servlet/com.univ.utils.LectureFichierJoint?CODE=1096554785848&LANGUE=0

Relation mère-enfant & troubles de l'apprentissage Installation précoce de la relation mère-enfant & troubles de l'apprentissage, cours pédopsy CHU Angers http://www.med.univ-angers.fr/discipline/pedopsy/cours-fichiers/Installation%20relation%20mere%20enfant.pdf

Développement affectif du nourrisson Modules de formation - Centre Hospitalier Universitaire de Rouen http://www.univ-rouen.fr/servlet/com.univ.utils.LectureFichierJoint?CODE=1096554716128&LANGUE=0

Relations mère-enfant Modules de formation - Centre Hospitalier Universitaire de Rouen http://www.chu-rouen.fr/ssf/psy/relationsmereenfant.html

- Le développement affectif et intellectuel de l'enfant, Compléments sur l'émergence du langage Sous la direction de Bernard Golse, Masson, Collection Médecine et Psychothérapie
Elsevier Masson 4me édition 2008

Le site d'Alice Miller (psychologue, psychothérapeute, auteur de "C'est pour ton bien", "la souffrance muette de l'enfant", "l'avenir du drame de l'enfant doué...) sur l'abus et la maltraitance de l'enfant, en français, anglais et allemand. http://www.alice-miller.com/index_fr.php

Alexandra Lesaffre, ergothérapeute, fut responsable du programme Petite Enfance à Antananarivo, Madagascar jusqu'à mi-2006 (programme démarré par Coopé Sud et repris par Inter Aide depuis janvier 2002).

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module de formation 5
Annexe : fiche d'observation et de suivi de la relation mère / enfant lors des ateliers d'éveil
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